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10/07/2020

Marseille : des élections municipales au forceps

 

 

 

Jamais des élections municipales, à Marseille, n'avaient ménagé un tel suspense, une telle incertitude jusqu'au bout. Pourtant, dès le premier tour le 15 mars dernier, Michèle Rubirola et le Printemps Marseillais avaient pris une option sur la victoire finale, démontrant que lorsque la Gauche parvient à se rassembler, elle peut encore s'imposer dans le jeu politique. Malgré un report inédit du second tour, une forte abstention et un confinement général de deux mois, la vague rouge et verte n'avait pas perdu son allant le 28 juin. Pourtant, dimanche dernier, si les premières estimations confirmaient en plusieurs secteurs le succès du Printemps Marseillais, les résultats définitifs tardaient à arriver dans les rédactions : il se passait forcément quelque chose et ce n'était pas du meilleur augure pour tous ceux qui espéraient un renouvellement politique à Marseille.

 

Quoique l'emportant nettement en nombre de suffrages exprimés, Michèle Rubirola n'avait qu'une majorité relative avec quarante deux conseillers contre quarante et un à Martine Vassal, sa rivale des Républicains. Comment obtenir les neuf voix nécessaires pour s'assoir enfin le fauteuil de premier magistrat de la cité phocéenne ? L'enjeu n'était pas mince. C'est ce qui allait, de négociation en tractation, occuper les jours suivants dans les deux camps. Mais alors qu'on s'attendait à un combat final de reines, Martine Vassal créait la surprise en annonçant, jeudi 2 juin, son désistement au profit de Guy Teissier, figure bien connue de la droite marseillaise. Son âge et sa notoriété à l'échelon local pouvaient jouer en sa faveur dans un ultime bras de fer.

Tous les regards, à présent, se tournaient vers les outsiders, Stéphane Ravier (Rassemblement National) battu dans son propre secteur par le républicain David Galtier, mais surtout Samia Ghali (Divers Gauches) qui , pour l'emporter dans le sien (15 et 16 emes secteurs), avait refusé de se désister au profit de Jean-Marc Coppola, candidat du Printemps Marseillais. C'était elle, l'élément déterminant de ces prolongations, et elle comptait bien en profiter. Sa condition pour se rallier au Printemps Marseillais : le poste de première adjointe. Une condition inacceptable pour Michèle Rubirola qui le lui faisait clairement savoir. Qu'allait faire la sénatrice des quartiers nord, dont l'engagement politique l'avait toujours opposée à Jean-Claude Gaudin ?

Samedi 4 juillet, dans l'après-midi, au terme d'un second tour à huis-clos du conseil municipal, elle a choisi de revenir vers sa famille politique et de permettre à Michèle Rubirola de concrétiser sa victoire dans les urnes. Michèle Rubirola devient ainsi la première femme à obtenir la magistrature suprême à Marseille, mettant ainsi un terme à vingt-cinq années de gouvernance droitière et libérale. Ce ne sera pas une sinécure pour elle, car d'énormes chantiers l'attendent. Sa victoire confirme, non seulement la poussée écologiste un peu partout en France, mais aussi la place de plus en plus importante des femmes dans la vie politique française. Qui osera encore dire, au vu des résultats de ces municipales, que le patriarcat leur interdit toujours d'accéder au pouvoir ?

 

Jacques LUCCHESI

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